TÉMOIGNAGE
Hurricane Fiona 19/09/22
République dominicaine.
Quand j’ai su qu’il allait bientôt arriver, j’étais partagée entre un :
“Ne t’emballe pas et laisse venir, tu ne sais rien de lui…”
Et un : “même pas peur, je suis prête à tout affronter donc…”
En résumé : Comment notre première rencontre allait-elle se passer ?
Pour certains, l’inconnu fait peur, pour ma part, j’attends toujours qu’il me surprenne.
La barre est toujours un peu haute certes, mais quant à vivre quelque chose, autant que ce soit bouleversant.
Je l’ai donc attendu, inquiète, curieuse et impatiente à la fois.
Je scrutais l’horizon. J’y ai vu la promesse d’un moment de grâce.
Force et beauté venaient à moi.
Une émotion, un tourbillon à m’en renverser.
J’allais vivre ma première fois…
Une première fois, c’est important non ? Pour beaucoup, elle ne s’oublie jamais.
Pour d’autres, très vite !
Alors, je me suis préparée, comme on se prépare pour un rendez-vous auquel il est impossible d’échapper.
J’ai pris soin de moi, ai plié quelques affaires dans mon sac. On ne sait jamais si, à trop se fréquenter, il lui venait l’idée de m’empêcher de rentrer…
À peine s’annonça-t-il que je frissonnais déjà. Je me suis vite ressaisie bien sûr, déterminée à ne pas me laisser envahir au point de m’affaiblir en l’instant.
Puis, il y eut son souffle sur mon cou, à mon oreille… Fort, long, auquel j’ai dû soumettre le mien. Il imposait le rythme. Nous respirions ensemble. À ce moment, je compris qu’il était maître.
Son râle en disait long sur ses intentions.
Je l’avoue, je fus un peu ivre de tant de certitudes.
Mais, de trop d’arrogance, il était pourvu, et de vrais sentiments, il était dépourvu. Alors, je me suis réveillée ! Décidée à nier sa présence et son peu d’intérêt. Il rugissait.
Prudente, je suis restée attentive aux conséquences de mon détachement.
Le bougre n’est pas du genre à lâcher la chose si facilement.
Qui pouvait m’aider à me détourner de lui ?
Vivaldi bien sûr ! Une symphonie plus puissante que sa furie. Summer 3 – Recomposed: Vivaldi’s Four Seasons (2012)
J’étais aux premières loges face aux ravages de sa colère.
Tout devînt alors spectacle. Et quel spectacle !
Il se déchaînait, violent, puissant, jouant des éléments.
C’était beau et tragique à la fois.
Il frappait encore sans relâche à ma porte, tentant même un court instant, de me faire de l’œil pour que je le laisse entrer.
Que nenni ! Je n’ai rien dit, je n’ai rien fait, j’ai attendu et écouté en boucle cette sublime sonate ; épongé aussi, beaucoup, tout le temps en fait…
Puis,
Il s’en est allé vers la mer, lassé, je suppose, où trop occupé pour s’attarder.
Personne ici ne pouvait l’aimer.
Pas même moi.
De Nicole Petroni
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